Le COVID19 représente-t-il une menace pour la fertilité masculine? - Reproclinic
Does COVID19 pose a threat to male fertility?

Le COVID19 représente-t-il une menace pour la fertilité masculine?

Le SRAS-CoV-2 et le COVID-19 sont des entités qui touchent massivement les populations et présentent une transmissibilité élevée, ce qui a entraîné une urgence de santé publique sans précédent dans un temps d’évolution extrêmement court. Malgré l’énorme propagation et l’ampleur de l’impact, les connaissances sur les effets néfastes que le SRAS-CoV-2 peut avoir sur la santé reproductive masculine, à court et à long terme, sont très limitées.

L’infection virale a une période d’incubation de la maladie de cinq jours en moyenne (entre 2 et 14 jours). Au cours de la maladie, une première phase de réponse virale de l’infection a été décrite, suivie d’une phase de réponse hyperinflammatoire. Les manifestations cliniques prédominantes sont respiratoires, bien que l’on ait observé une atteinte de plusieurs organes et systèmes, y compris des manifestations cliniques compatibles avec une orchite (inflammation testiculaire).

La présence de l’enzyme ACE2 peut être un des principaux déterminants majeur de la sensibilité des cellules à l’infection par le SRAS-CoV-2 et la porte d’entrée du virus dans la cellule. L’ACE2 est exprimée dans différents tissus humains tels que les poumons, les reins, le cerveau, l’endothélium vasculaire et surtout l’intestin grêle et les testicules. Ainsi, s’il est logique que l’accent soit mis, à juste titre, sur les systèmes organiques vitaux (poumon, rein et cœur), qui sont vulnérables à l’attaque virale et contribuent à la pathologie aiguë associée à cette maladie, il ne faut pas perdre de vue que le COVID-19 s’attaque à tout type de cellule de l’organisme qui exprime le CEA2, y compris le sperme humain.

Il a été démontré qu’un pourcentage similaire de cellules testiculaires produisant des spermatozoïdes et de cellules pulmonaires était directement impliqué dans la pathogenèse du COVI-19. Il apparaît également que l’expression de l’ACE2 dans le testicule est inversement proportionnelle à l’âge de l’homme; ainsi, le niveau maximal d’expression de l’ACE2 serait enregistré chez les individus âgés de 30 ans, ce qui les rendrait plus sensibles aux effets du SRAS-CoV-2, constituant une menace évidente pour leur fertilité.

Chez Reproclinic nous avons observé plusieurs jeunes hommes qui, après avoir passé le COVID-19 sans symptômes généraux apparents et sans manifestations génitales, ont présenté une réduction considérable du nombre de spermatozoïdes. Pour l’instant, nous ne pouvons pas établir de modèle, ni savoir pourquoi cela affecte certains hommes et pas d’autres. Ce que nous pouvons dire, c’est que l’enzyme ACE2 semble jouer un rôle clé dans la formation des spermatozoïdes, car les niveaux testiculaires de cette enzyme sont significativement plus faibles chez les hommes présentant des altérations graves de la production de spermatozoïdes que chez ceux dont la formation de spermatozoïdes est normale. Il a également été observé que les hormones sexuelles masculines diminuent chez les patients atteints de COVID-19 au moment de l’admission aux soins intensifs, avec des niveaux faibles de testostérone et de dihydrotestostérone. Toutefois, ce phénomène pourrait être davantage lié au stress provoqué par la situation ou à d’autres symptômes liés à l’infection elle-même.

Cette diminution de la production de sperme est-elle un phénomène transitoire et donc réversible?

Nous ne pouvons pas encore le dire. Nous attendons les résultats de nos patients et des études qui sont menées dans d’autres centres de reproduction dans le monde, afin de pouvoir évaluer la capacité de récupération des testicules face à l’impact du virus SRAS-CoV-2. Nous ne savons pas quand et dans quelle mesure ils retrouveront leur fonction spermatique.

Si nous avons la preuve que COVID-19 peut altérer la production de sperme, comment devons-nous procéder?

Cette situation ne doit pas être alarmante, bien que, si vous êtes un homme en âge de procréer et que vous avez passé le COVID-19, nous vous recommandons de:

  • Faire un examen du sperme (évaluation du nombre et de la qualité des spermatozoïdes).
  • Visiter un andrologue. Ses conseils sur le mode de vie, le régime alimentaire et le traitement peuvent accélérer la guérison.

Si vous n’avez pas encore passé le COVID-19, pourquoi ne pas congeler votre sperme?

En préservant votre fertilité, vous serez en mesure d’avoir une descendance, que vous subissiez une diminution de la production de spermatozoïdes plus tard dans votre vie, que ce soit en raison du COVID-19 ou d’un autre problème de santé. Dans le monde de la fertilité, la prévention est une bonne stratégie.

Actuellement, nous ne connaissons pas l’impact réel et les conséquences sur la reproduction de l’infection par le SRAS-CoV-2 dans les jeunes hommes. Cependant, nous devons souligner les preuves que le système reproducteur masculin est une cible vulnérable pour l’infection par le virus et, par conséquent, nous devons rester vigilants à la possibilité qu’il puisse induire des altérations de la fertilité masculine, conduisant à une diminution, réversible ou non, de la production de sperme.